James MC Gregor Burns

“Transformational leadership is a process where leaders and followers engage in a mutual process of 'raising one another to higher levels of morality and motivation”

(J.M Burns, Leadership, 1978)

Qu'est-ce que le Leadership (1/3)

C'est évidemment LA question à laquelle se voit régulièrement soumettre tout expert, académique ou professionnel, qui prétend enseigner, connaitre ou développer le leadership des individus ou des collectifs. Ma réponse à cette question simple et légitime est en trois temps. 
Voici le premier temps:
Lorsque j'interviens en cours ou en formation, je défini habituellement le leadership comme : "Le processus par lequel un individu influence un groupe d'individus en vue d'atteindre un objectif commun". Cette définition, très générale, est empruntée à P.G. Northouse (2010, p.3). Que nous dit-elle?


Premièrement, que le leadership est un processus, c'est à dire un phénomène toujours à l'oeuvre, situé notamment dans la relation entre le leader et ceux qui le suivent. En ce sens, le leadership ne peut-être réduit aux traits de personnalité et aux comportements du Leader. Il n'y a de leadership que lorsque quelque chose se produit entre un individu, un groupe d'individus et ce, dans un contexte donné. En ce sens, le leadership est une équation à 3 inconnues: le leader, les équipes et le contexte.
Ce quelque chose, c'est une dynamique d'influence, une dynamique relationnelle nourrie des cognitions et des actions des acteurs impliqués. Le leadership est largement synonyme d'influence, ce qui exclut de son champ d'autres formes de pouvoir ou de domination comme la coercition.Ce processus d'influence  repose principalement sur les comportements des acteurs impliqués. En théorie, le leadership est donc indépendant du pouvoir objectif que peut procurer la position hiérarchique par exemple. Une personne peut posséder beaucoup de pouvoir (au sens de capacité d'action) et très peu de leadership, beaucoup de leadership et de pouvoir et bien sur beaucoup de leadership et très peu de pouvoir (admettons que ce dernier cas est le moins évident et le plus directement lié au talent, à l'intelligence situationnelle ou la chance du  leader)
Troisième point important, cette influence est mise au service de l'atteinte d'un but commun ce qui exclut de la catégorie les formes de leadership ou les leaders poursuivant un intérêt personnel. Bien sur, ce but commun peut revêtir plusieurs habits: ceux de la performance opérationnelle, du changement ou encore du bien-être des équipes. Cette diversité des finalités du leadership explique la diversité des styles de leaders.
Une autre raison de cette diversité des styles de leaders et de leadership est la variété des ressorts mobilisés pour influencer effectivement le groupe: arguments logiques, factuels, émotions positives ou négatives, valeurs, etc. Ici rien n'est dit sur la moralité de ces ressorts: ainsi de la mobilisation d'émotions négatives (la peur), de l'appel à des valeurs discutables, du  mensonge ou des techniques de manipulation mentale. Les chercheurs sont divisés sur ce points. Ceux qui comme Barbara Kellerman incluent ces derniers dans le champ du leadership, parleront alors de "Bad Leadership", d'autres comme Paul Woodruff, excluront ceux-la de la catégorie leader pour les affecter à celle de Tyran.
Dans tous les cas, cette définition souligne la diversité des styles de leadership.Et, Quoiqu'en pense le sens commun, il n'existe pas de "meilleur style de leadership" (uniquement des styles socialement plus ou moins désirables) - mais des styles qui permettent de nouer une relation affinitaire entre un leader (sa personnalité, ses comportements), un groupe (ses attentes, ses perceptions) et une situation.