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Celui-ci est dédié à ce que j'appelle l'Art et la Science du Leadership. La Science du Leadership, ce sont les travaux de recherche menés depuis près d'un siècle sur les leaders et le leadership. C'est le Leadership saisi par la raison logique et la méthode scientifique. L'Art du Leadership, c'est la perception et la pratique du leadership au quotidien, celles de ceux qui agissent en leader ou s'engagent à leurs côtés. C'est le leadership saisi par la raison sensible, l'expérience et l'émotion. L'un ne va pas sans l'autre, chacun nourrit notre réflexion et notre pratique du leadership. Vous trouverez ici mes projets, productions, collaborations, réflexions et recommandations sur l'art et la science du Leadership et les équipes dirigeantes.

jeudi 2 janvier 2014

Le Loup de Wall Street : 5 bonnes raisons d’en discuter dans un cours de leadership



Vertus du cinéma et cinéma des vertus
Comme le philosophe Stanley Cavell, je crois aux vertus du cinéma, cette projection du monde qui nous permet d’extérioriser, de vivre, de ressentir et de discuter les valeurs et les normes de notre époque. C’est dès lors un véritable cadeau que nous offrent les réalisateurs en faisant de l’entreprise un objet cinématographique…

Prenons par exemple le dernier film de Martin Scorcese, Le Loup De Wall Street : je vois au moins 5 bonnes raisons d’étudier celui-ci dans un cours d’éthique et/ou de leadership. L’occasion d’introduire les aspects les plus complexes et polémiques du leadership et du pouvoir : son rapport à la morale, au sexe, et à la folie.


5 bonnes raisons de voir et de discuter du Loup de Wall-Street

Un leader destructeur
Parce que l’histoire de Jordan Belfort est celle d’un individu qui doit sa réussite à sa maitrise de l’influence interpersonnelle et sociale. Une influence  qui pose problème, puisque basée sur la manipulation et le mensonge, mais s’avère redoutablement efficace et lucrative ; Belfort est-il un leader ? Certains diront de lui qu’il est un leader négatif ou destructeur (Position de L. Trévino et B. Kellerman), d’autres lui refuseront le qualificatif arguant du fait que l’efficacité de l’influence ne suffit pas, encore faut-il que la fin et les moyens soient éthiques (Position de Ciulla). Discussion purement théorique ? Pas certain quand l’on connait l’aura positive du terme « leadership »

Les ravages de l’hubris  
Parce que le Loup de Wall Street donne à voir la genèse et les ravages individuels et collectifs de l’hubris (la démesure) dans les entreprises et notamment celles du secteur financier. On retrouve chez Belfort ce que j’ai décrit dans mes articles consacrés à la description de l’hubris du dirigeant : surconfiance, narcissisme, sentiment d’impunité, etc Leonardo di Caprio met son talent au service de l’ambivalence et de la séduction de son personnage nous renvoyant  à notre propre ambivalence face à la fascination qu’exerce sur nous la dimension héroïque de ces personnalités destructrices

Grandeur et misère du stéréotype du leader
Parce que le Loup de Wall Street illustre jusqu’à la nausée le stéréotype du leader dans ses dimensions masculine, dominatrice et égocentrique. Mauvaise nouvelle, celui-ci a survécu aux années 90 et il ne concerne pas que la finance.

Des leaders sous influence
Parce que le Loup de Wall Street vient nous rappeler que le sexe et la drogue font parfois partie de l’équation du pouvoir et du leadership. Face à des attentes de rôles démesurées et des personnalités fragilisées faut-il s’en étonner ? C’est l’autre histoire que raconte le Loup de Wall-Street et que l‘on entend guère dans les classes des business School. Tout récemment, certains chercheurs se sont attaqués à ce tabou et les premiers résultats sont peu rassurants 

Fin de Projections

Parce que le Loup de Wall-Street nous renvoie avec style mais efficacité à nos petits arrangements avec l'éthique.  Ainsi certains critiques reprochent-ils au réalisateur l’absence de condamnation morale explicite et de prise de position personnelle. Outre une intéressante projection psychologique, je trouve ce "procès" assez révélateur: Car enfin, soyons sérieux un instant, qui ne voit pas après 3 heures de film ou est le problème avec Jordan Belfort ??? et ce n'est pas "l'esthétisme" de la réalisation qui peut masquer cela ou alors, il y a un autre problème avec Jordan Belfort et ce n'est pas Jordan Belfort. C'est à mon avis ce  sur quoi nous interpelle Scorcèse : pourquoi restons nous là, assis confortablement, un brin émoustillé, un brin effrayé, à discourir avec détachement de la morale des affaires ? En bon libéral, Scorcèse laisse le spectateur face à sa propre responsabilité

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